Dans les environs, rien ne résonnait, hormis les oiseaux fréquemment perchés sur les plantes, ainsi que le ronchonnement régulier des moulins qui ne cessaient de tourner, de façon infatiguable et invariable depuis des années. Puis, en provenance d'un coin proche, un son de pas sur le sol de terre et de gravier commença à perçer dans la quiétude ambiante. Allant en enflant au fur et à mesure qu'il s'approchait des dits moulins, le bruit de pas révéla finalement sa cause. Apharez marcha, lentement, sans se presser, jusqu'à ce qui représentait pour lui un endroit parfait pour le calme et l'esprit. Le simple son de l'eau avait toujours réussi à le calmer, ainsi qu'à lui faire oublier ses tracas. Et puis, dans la situation actuelle du village, un lieu éloigné où on pouvait penser en paix, c'était devenu un luxe difficile à conserver.
Ainsi donc, l'homme termina son ascension sur le légère colline qui le séparait encore quelques instants plus tôt des moulins travaillant à leur but. Il s'arrêta à quelques pas de l'entrée de l'un d'eux, et se retourna pour avoir une vue globale du village. Enfin, plutôt des arbres qui entouraient toujours le village. Cette satanée forêt, il ne s'y habituerait jamais. C'était comme demander à un poisson de se résigner à finir à la broche. Mais bon, faute d'idées, ou de bûcherons en quantité suffisante, il fallait bien se faire une raison: ces arbres étaient probablement fait pour rester là encore un bon bout de temps. Et puis, quel besoin avait-il de quitter les lieux, de toutes façons, hein?
Sur cette pensée, Apharez pénétra dans le moulin, se tenant à la rambarde qui le séparait du mécanisme des roues, autant par mesure de sécurité que par besoin de se guider dans la semi-obscurité ambiante à l'intérieur. Au bout d'une quinzaine de pas, il finit par atteindre l,escalier qu'il cherchait, et grimpa les marche sd'un pas calme et patient. Depuis le temps, il avait même compté les marches et les repères. 18, 19, 20, 21, et 22. Il arriva finalement à un autre encadrement de porte, qu'il passa en baissant quelque peu la tête pour ne pas se faire une marque au front, comme ça avait été le cas la première fois qu'il était monté. Il se retrouva sur un petit balcon de planches, faisant environ trois mètres de long sur un mètre et demie de large. Un petit poste d'observation tranquille, qui permattait de surveiller les environs, tout en s'offrant une séance de détente au soleil.
Apharez parcourut rapidement la longueur du balcon le tour d'une partie du mur extérieur du moulin, et retrouva la chaise qu'il avait laissée la dernière fois. Intacte, elle était exactement au même emplacement que la dernière fois. Sans plus de cérémonie, il alla donc s'asseoir sur la chaise, et sortit une vieille pipe d'une poche à l'intérieur de sa veste. Il la porta à sa bouche, l'alluma, et, un instant après, tira une longue bouffée de celle-ci, qu'il renvoya dans l'air avec délice.
''Au moins, la forêt a des plantes de bonne qualité...''
Bien à l'aise, l'ex-soldat, se laissa aller sur le dossier de sa chaise, savourant l'air, l'herbe à pipe, et le ruissement de l'eau se mêlant au son des moulins. Oui, malgré la séquestration, le vie n'allait pas trop mal.
[Libre à quiconque veut bien échanger des paroles avec mon vieux bonhomme]